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25 avril 2007

C’est mon histoire "Daniel ROUXEL, témoignage d’une enfance hors norme"

Né sous secret le 2 avril 1943, d’une Mère Française et d’un père Allemand, sous officier de

La WEHRMACHT

,

je fus confié à une maison maternelle pendant huit mois avant d’être placé dans une famille d’accueil jusqu’à quatre ans. Elevé en parfaite harmonie avec Jacky, mon frère de lait, j’ai le souvenir d’avoir été heureux.

Suite à des problèmes d’âge, mes grands parents adoptifs, demandaient à ma mère de me retirer. Celle-ci me plaça chez sa Mère, donc ma grand-mère maternelle. Ma Mère, travaillais à Pleurtuit ( 35 ) puis s’en alla à la débâcle sur Paris, elle ne pouvait s’occuper de moi, et je ne la voyais qu’épisodiquement une fois par an.

A quatre ans, je fus déraciné, emmené chez une dame que je ne connaissais pas, qui était ma Grand-mère maternelle, et inscrit à l’école communale dans un petit village de Bretagne de six cent habitants, ou tout le monde connaissait tout, sur tout le monde.

Très vite, regardé comme un étranger et une bête curieuse, j’appris mes origines. Je sus plus tard que la vérité était parfois loin de la réalité.

Dans les villages, ou la l’électricité n’était pas encore dans toutes les maisons et la télévision n’existait pas; les soirées était occupées par des veillées, devant des bolées de cidre à manger des châtaignes grillées au feu de bois. Les langues allaient bon train sur chaque personne du village. Très vite ma grand-mère, ma mère et moi devînmes le centre d’attraction de ce village.

Il était de mauvaises mœurs d’être un bâtard et de surcroît le fils d’un boche, donc de l’ennemi, de plus le fils d’une fille mère. On me le fit payer très cher, les enfants ne sont pas tendres entre eux et les adolescents pas moins envers un enfant, qui n’avait pour se défendre que sa honte et pleurer.

Les lendemains à l’école, les autres enfants connaissaient mes origines et ne se privaient pas. Les mots « fils de boche et de putain » étaient du velours en rapport à ce que les adultes, un instituteur, un curé, me firent endurer, sans oublier cet ignoble adjoint au maire qui un dimanche à la sortie de l’église demanda que je m’approche de lui ; sans doute voulant se rendre intéressant posa cette question aux villageois « Savez vous qu’elle différence il y a entre un fils de boche et une hirondelle ? Personne n’avait l’air de savoir ! ………. Une hirondelle quand elle fait ses petits en France et qu’elle repart, elle les emmène, alors qu’un boche les laissent sur place ». Les pleures et la honte m’envahirent, je devais avoir cinq à six ans.

Je ne rentrerais pas dans les détails les plus vils, que ses braves campagnards employaient pour m’humilier ou me punir ! Mais de quoi ? Si ! J’étais un fils de boche. Même ma grand-mère prenait fait et cause pour eux, car elle aussi avait honte de cette situation. Elle m’enfermait plut facilement dans le poulailler pour dormir la nuit, que de m’embrasser, elle avait horreur que je la lèche, comme elle le disait. Les raclées, pas toujours justifiées me tombaient souvent dessus Le tutoiement était interdit, j’ai toujours vouvoyé ma grand-mère.

Elle aussi avait ses excuses, fille de l’assistance publique, ne sachant ni lire ni écrire, elle avait perdu son mari à la suite des gaz de la guerre 14-18.

J’ai toujours pensé être un « accident de la guerre », plus tard, dans les dernières années de vie de ma mère, nous avons beaucoup parlés, je peux dire que je suis un enfant né de l’amour rendu impossible par la guerre, mon père est décédé j’avais deux ans à la débâcle, il m’a pris dans ses bras, m’a donné le biberon et à écrit à sa famille, avant qu’il ne soit tué, qu’il avait un enfant en France. Sa famille voulait faire le nécessaire pour que je sois élevé en Allemagne, ma mère s’y est refusée. A douze ans je fis la connaissance de ma famille allemande, je reçu un accueil chaleureux, nos relations sont excellentes. Ce qui est le plus terrible chez un enfant, ce n'est pas de savoir qu'il n'est pas aimé, et pourtant c'est important, mais c'est de ne pas pouvoir Aimer parce que ce noble sentiment est rejeté des autres.

Daniel ROUXEL

résidence Le Mail

7, rue henri Champion

F-72100 Le Mans: daniel.rouxel@tiscali.fr

T: 02 72 35 15 00 Port: 06 07 49 24 27

C'est mon Histoire"Daniel ROUXEL, témoignage d'une enfance hors norme"

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