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Daniel Rouxel
14 décembre 2007

Plus jamais cela

14 Décembre 2007

Plus Jamais cela

Plus jamais cela! Un témoignage pour faire avancer les Droits de l’enfant dans l’Europe de 2007.

Par Daniel ROUXEL

  sous secret le 2 avril 1943, à la maternité de Port- Royal à Paris 14 ° d’une Mère française et d’un père allemand, lieutenant de

la WEHRMACHT

, en poste au terrain d’aviation de Pleurtuit (35).

Je fus confié à une maison maternelle pendant huit mois avant d’être placé dans une famille d’accueil jusqu’à l’âge de quatre ans.  Elevé à Pleine Fougère (35), en parfaite harmonie avec Jacky, mon frère de lait, j’ai le souvenir d’avoir été heureux.

Devenus trop vieux, mes grands-parents adoptifs ont demandé à ma mère de me retirer. Celle-ci me plaça chez sa Mère. Ma Mère, travaillait à Pleurtuit en Ille- et-Vilaine puis à la débâcle partit à Paris. Elle ne pouvait s’occuper de moi et je ne la voyais qu’épisodiquement une fois par an.

A quatre ans, je fus donc déraciné, emmené chez cette dame que je ne connaissais pas et qui était ma Grand-mère maternelle. Elle m’inscrit à l’école communale de Mégrit (22) petit village de Bretagne de six cent habitants où tout le monde connaissait tout sur tout le monde.

Très vite, regardé comme un étranger et une bête curieuse, j’appris mes origines.

Dans les villages où  l’électricité n’était pas encore dans toutes les maisons, les soirées étaient occupées par des veillées devant des bolées de cidre à manger des châtaignes grillées au feu de bois. Les langues allaient bon train sur chaque personne du village. Très vite ma grand-mère, ma mère absente et moi devînmes le centre d’attraction de ce village.

Il était de mauvaises mœurs d’être l’enfant d’une fille-mère et de surcroît le fils d’un boche, donc de l’ennemi. On me le fit payer très cher. Enfants et adolescents ne sont pas tendres entre eux et encore moins avec ceux qui n’ont pour se défendre que la honte et les larmes.

Les lendemains à l’école, les autres gamins connaissaient mes origines et les insultes allaient bon train. La douleur provoquée par les mots « fils de boche et de putain » étaient du velours par rapport à celle que me causèrent les adultes. L’instituteur, le curé, certaines personnes du village, tous se moquèrent cruellement sans oublier cet ignoble adjoint au maire qui un dimanche à la sortie de l’église demanda que je m’approche de lui. Par méchanceté, vanité et bêtise conjuguées, il posa cette question aux villageois « Savez-vous qu’elle différence il y a entre un fils de boche et une hirondelle ? »  Personne n’avait l’air de savoir ! ………. « Une hirondelle quand elle fait ses petits en France et qu’elle repart, elle les emmène, alors qu’un boche les laisse sur place ». Les pleurs et la honte m’envahirent, je devais avoir cinq à six ans.

Je ne rentrerai pas dans les détails les plus vils que ses braves campagnards employaient pour m’humilier ou me punir ! Mais de quoi ? J’étais un fils de boche et cela suffisait à jeter sur moi l’opprobre et la haine. Même ma grand-mère prenait fait et cause pour eux car elle aussi rougissait de cette situation. Elle m’enfermait plut facilement dans le poulailler pour dormir la nuit, qu’elle ne m’embrassait. Elle avait horreur que je la lèche, comme elle disait. Les raclées, pas toujours justifiées me tombaient souvent dessus. Le tutoiement était interdit, j’ai toujours vouvoyé ma grand-mère.

Elle aussi avait ses excuses, fille de l’assistance publique, ne sachant ni lire ni écrire, elle avait perdu son mari des suites des gaz lors de la guerre 14-18.

J’ai toujours pensé être un « accident de la guerre », plus tard, dans les dernières années de vie de ma mère, nous avons beaucoup parlé. Je sais depuis que  je suis un enfant né de l’amour rendu impossible par la guerre. La réalité de ma double origine, française et allemande est tout autre que l’indignité tant dénoncée, elle est au contraire la substance même de ce qu’il y a de plus noble et beau, le fruit de l’amour au sein de la guerre signifiant ainsi à celle-ci qu’elle n’a pas le dernier mot. Quoi de plus encourageant pour les générations futures ?

  Mon père est décédé j’avais deux ans à la débâcle, il m’a pris dans ses bras, m’a donné le biberon et à écrit à sa famille, avant qu’il ne soit tué, qu’il avait un enfant en France. Sa famille  voulait faire le nécessaire pour que je sois élevé en Allemagne, ma mère s’y est refusée. A douze ans je fis la connaissance de ma famille allemande, je reçus un accueil chaleureux, nos relations sont excellentes.

Pour Conclure

Ce qui est le plus terrible chez un enfant, ce n'est pas de savoir qu'il n'est pas aimé, et pourtant c'est important,……… mais c’est de ne pouvoir aimer parce  ce noble sentiment est rejeté des autres.

Puisse mon histoire à travers celle de mes parents inscrite dans l’Histoire balayer les préjugés indignes des droits de l’Homme et les malveillances immondes quant à ceux de l’Enfant !

Daniel ROUXEL contact : daniel.rouxel@tiscali.fr  Le Mans F.72100

Contact  association : www.coeurssansfrontieres.com

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Commentaires
D
Bonjour FLOOOO, vous pouvez me joindre sur mon é-me: daniel.rouxel@tiscali.fr, ce sera avec plaisir que je répondrais à vos questions<br /> cordialement.<br /> Daniel Rouxel
F
bonjour,<br /> je suis une élève de 3eme et si possible j'aimerai rentrer en contact avec daniel rouxel<br /> il faut dire que je suis une "passionnée" d'histoire et j'aimerai pouvoir parler à des gens qui ont plus ou moins vaicus les horreurs de la guerre et de l'après guerre<br /> je vous remercie d'avance <br /> j'attends avec impatience votre réponse<br /> merci et à bientôt<br /> salutations<br /> floooo
Daniel Rouxel
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